Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/35

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depuis longtemps profanés et vides. Vraisemblablement même, les patriarches continueront de dormir en paix durant bien des siècles à venir, respectés par des millions de chrétiens, de musulmans et de juifs.



Le crépuscule éclaire encore, quand nous regagnons nos tentes au bord de la route. Alors défile devant nous tout ce qui rentre des champs pour la nuit : laboureurs, marchant nobles et beaux dans leurs draperies archaïques ; bergers, montés bizarrement sur l’extrême-arrière de leurs tout petits ânes ; bêtes de somme et troupeaux de toute sorte, où dominent les chèvres noires, aux longues oreilles presque traînantes dans la poussière.

En face de nous, de l’autre côté du chemin, coule une fontaine sans doute très sainte, car une foule d’hommes et de petits enfants y viennent, avec de longues prosternations, faire leur prière du soir.



Nuit bruyante comme à Gaza ; aboiements des chiens errants ; tintements des grelots de nos mules ;