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j’osais, j’irais plus loin, et je dirais qu’à supposer que le Teuton ait raison, Dieu lui-même devrait être sceptique.

Philalèthe.

Je ne saisis pas bien ta pensée.

Socrate.

Tu vas la comprendre sans peine. En somme, sur quoi est fondé le scepticisme de Kant ? Est-ce sur un relevé impitoyable des prétendues erreurs des sens et de la raison, sur la soi-disant impossibilité de distinguer la veille d’avec le sommeil ou la folie d’avec le bon sens, sur cette règle enfin qui nous défend de nous fier jamais à qui nous a trompés une fois, semel mendax, semper mendax ?

Philalèthe.

Tu sais bien, Socrate, que ce n’est pas cela. Kant dédaigne ces chicanes ; il les laisse à Pyrrhon, à Ænésidime, à Montaigne ; tout au plus les retrouve-t-on chez lui à de rares intervalles, comme appoint et comme accessoire. Dans tous les cas, nous savons ce qu’elles valent. Nous expliquons les erreurs très-réelles qu’on nous objecte, d’une manière qui ne compromet nulle-