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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/330

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Avec des sons de voix éclatants et profonds,
S’écrie en agitant ses épais cheveux blonds :
« Et quoi ! la créature au Créateur s’égale ?
Un coin de l’infini lui semble un intervalle ?
Elle nomme un empire un pouce de terrain ?
Ah ! que l’homme ici-bas se pose en souverain,
Soit ! mais s’il veut monter, son orgueil a beau faire,
Il ne franchira pas cette étroite atmosphère ;
Le moindre souffle abat l’audace de son vol
Et le force à ramper tristement sur le sol. »
— « Non, reprit la première en relevant la tête.
Je n’accepterai point le rôle qu’on me prête !
Non, je n’ai pas voulu me grandir aujourd’hui,
Ni rapetisser Dieu pour m’égaler à lui !
Si les mots échappés à mon enthousiasme
Prêtent pour me railler des armes au sarcasme,
Que m’importe après tout ? Je crois au Créateur !
Mes succès sont les siens, lui seul en est l’auteur,
Et, si je les rappelle à la jeune mémoire,
Enfant, c’est pour en faire un hommage à sa gloire.
Partout de sa bonté, je cherche les effets,
Pour mieux apprécier et bénir ses bienfaits ;
Oui ! plus je le connais, plus je l’aime et le prie ;
À genoux devant lui transportée je m’écrie :
Vous êtes bien, Seigneur, le seul vrai, le seul grand ;
Ma raison vous adore et mon cœur vous comprend ! »
Cette voix résonnait encore à mes oreilles,
Quand l’autre : — « Eh quoi ! mon Dieu, me faut-il ces merveilles,