Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 372 —

et nous ne voulons point discuter ce côté de son hypothèse. Ce que nous tenons à faire remarquer, c’est qu’ici, dans l’imagination du naturaliste, les deux lois du besoin et de l’habitude concourent à produire un développement qui, à ce degré, ressemble fort à une création d’organes. Et en effet, c’est jusqu’à la production d’un organe entièrement nouveau, que doit aller, dans l’hypothèse des complications progressives, la puissance de la vie, toutes les fois qu’un changement dans les conditions d’existence en fait naître le besoin. Il faut que les nageoires puissent s’allonger et s’articuler spontanément soit en pattes et en pieds, soit en ailes, lorsque l’élément liquide venant à manquer, l’être qui était poisson a besoin de se mouvoir à la surface du sol ou de se soutenir dans les airs ; et il faut qu’à cette révolution dans les organes du mouvement correspondent dans toutes les parties de l’organisme des transformations analogues, que l’animal, par exemple, échange ses branchies contre des poumons et ses écailles contre des plumes, sans quoi son unité serait brisée, son adaptation à ses nouvelles conditions d’existence resterait incomplète, et sa mort deviendrait inévitable. Il est trop clair qu’ici nous ne sommes plus seulement dans le pays des hypothèses, mais dans celui des chimères, et que le fait du développement des organes par l’exercice ne conduit en aucune manière à doter les besoins, les désirs et les efforts du pouvoir de créer de nouvelles fonctions et de nouveaux orga-