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venir traduire l’idée par la parole et à la fixer sur le papier par l’écriture. Si Boileau avait pu voir comme le médecin la machine humaine dans toutes les modifications dont elle est susceptible, il n’aurait certainement pas écrit ces deux vers qui enlèvent au mauvais écolier le seul rempart derrière lequel il puisse abriter son ignorance.

La prévision constitue la qualité à laquelle les partisans du magnétisme attachent le plus de prix. Pouvoir soulever un coin du voile qui nous dérobe l’avenir a été à toutes les époques et chez tous les peuples, une des plus vives aspirations de l’humanité. Il est si naturel de croire à ce qu’on désire que l’art des devins a toujours trouvé des dupes dans toutes les classes de la société. La Grèce n’a-t-elle pas eu sa pythie de Delphes et les Romains leur sybille de Cumes. L’Inde, créatrice de nos institutions, qui a vu toutes les nations tributaires de ses opinions et de ses idées, avait aussi ses oracles. Elle devait naturellement nous transmettre encore cette tache de l’esprit humain. Velleda et les Druides de Tongres ne disparurent que pour faire place aux sorciers et aux astrologues ; et aujourd’hui les sybilles modernes n’ont fait que changer le trépied contre un fauteuil.

Rien n’est plus facile cependant que de démasquer cette comédie qui se joue depuis tant de siècles. L’obscurité et l’ambiguité des réponses ont seules sauvé les