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Page:Mémoires de la société archéologique d'Eure-et-Loir - 1860 - tome 2.djvu/117

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la maison, sans que l’on puisse dire lequel des deux a précédé l’autre, puisque l’année de la construction de cette maison est restée inconnue ainsi que le nom de son architecte. Cependant les meneaux croisés n’existent pas dans la fenêtre du portail d’Anet, ce qui peut faire croire qu’il est postérieur de date, et que l’on aura abandonné ce système pour celui plus commode de la fenêtre à une seule ouverture, mais, si le portail d’Anet a l’avantage de présenter dans son ensemble admirable les trois ordres d’architecture, ionique, dorique et corinthien, superposés, tandis que le nôtre n’en réunit que deux, en revanche le nôtre peut s’enorgueillir à juste titre de ses deux fenêtres, surtout de celle du second étage et de son couronnement.

À gauche du portail ci-dessus décrit, continue, tout le long de la façade de la maison, l’entablement que l’on a remarqué au-dessus de la porte d’entrée, ainsi que la rangée de modillons servant d’appuis à la corniche, lesquels présentent une singularité : celui du milieu seul est perpendiculaire à la façade ; ceux de droite obliquent de plus en plus à droite, et, par symétrie, comme cela devait être, ceux de gauche obliquent de plus en plus à gauche ; il va sans dire que la même disposition existe dans les modillons supportant la même corniche au portail ; l’effet en est très-gracieux. Cette corniche est surmontée de cinq pilastres, style Renaissance ou du XVIe siècle, dont les quatre des extrémités formant tables renfoncées avec pointes de lozanges en haut et en bas, sont coupés au milieu par des chapiteaux du goût de cette époque, et celui du milieu, entièrement lisse, sépare les deux fenêtres du premier étage qui occupent l’espace entre lui et l’un des pilastres ornés. Chacun de ces pilastres paraît porter un corbeau sculpté et à moulures, destiné à soutenir les étages supérieurs bâtis en saillie, ainsi que cela se voit dans beaucoup de maisons anciennes, surtout à Chartres. La partie supérieure de cette façade est construite en pans de bois terminés en forme de pignon et ornée d’une courbe en charpente d’une forme ogivale très-gracieuse, dont la saillie est supportée par quatre consoles en charpente brute ; il est à croire que ces consoles devaient être sculptées, et qu’elles sont restées sans être terminées.