Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/539

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planètes étant les plus grandes que nous voyions, on peut les considérer comme ayant été engendrées de tourbillons assez grands pour en avoir vaincu d’autres avant que d’avoir été enveloppées dans le tourbillon où nous sommes.

Toutes ces planètes tournent sur leur centre, la Terre en vingt—quatre heures, Mars en vingt-cinq ou environ, Jupiter en dix heures ou environ, etc. Elles tournent autour du soleil ; Mercure, qui en est le plus proche, environ en trois mois ; Saturne. qui en est la plus éloignée, environ en trente années ; et celles qui sont entre deux en plus ou moins de temps, mais non pas tout à fait dans la proportion de leur distance. Car toute la matière dans laquelle elles nagent, fait son tour plus vite lorsqu’elle est plus proche du soleil, parce que la ligne de son mouvement est plus petite. Lorsque Mars est opposé au soleil il est assez proche de la terre, et il en est extrêmement éloigné lorsqu’il lui est joint. Il en est de même des planètes supérieures, Jupiter et Saturne ; car les inférieures, comme Mercure et Vénus, ne sont jamais opposées au soleil à proprement parler. Les lignes que toutes les planètes semblent décrire autour de la terre ne sont point des cercles, mais elles approchent fort des ellipses ; et toutes ces ellipses paraissent fort différentes, à cause des différentes situations des planètes à notre égard. Enfin tout ce qu’on remarque dans les cieux, avec certitude, touchant le mouvement des planètes, s’accommode parfaitement avec ce que l’on vient de dire de leur formation suivant les voies les plus simples.

Il y a bien des gens qui regardent les tourbillons de M. Descartes comme de pures chimères. Cependant rien n’est plus facile à démontrer, en supposant : 1° que tout corps mu tend à se mouvoir en ligne droite ; 2° que les planètes ont des mouvements circulaires, deux vérités certaines par l’expérience. Car il est clair que si Jupiter, par exemple, était mu dans le vide, il irait toujours en ligne droite ; et que s’il était mu dans une matière qui ne fît pas un tourbillon ou qui ne tournât point à l’entour du soleil, non-seulement il continuerait toujours d’aller en ligne ou droite ou du moins spirale, mais il perdrait peu à peu son mouvement en le communiquant an fluide qu’il déplacerait. Il faut donc que la matière céleste fasse un tourbillon et que chaque planète s’y place de telle manière que son effort pour s’éloigner du soleil fasse équilibre avec l’effort d’un égal volume de cette matière, c’est-à-dire que la ligne de son mouvement circulaire soit égale à celle de la matière dans laquelle elle nage.

Pour les étoiles fixes, l’expérience apprend qu’il y en à qui di-