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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/99

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L’ATHÉNÉ GRECQUE OU LA MINERVE LATINE.


Athéné. — Athéné est la fille de Zeus, qui surgit toute cuirassée du front de son père, ouvert, selon quelques poètes, par un coup de la hache de Héphaistos. Comment expliquer ce conte étrange ? Par la comparaison du conte grec avec celui de l’Inde qui en donne la forme antérieure, elle nous enseigne qu’Athéné est un nom de l’Aurore, appelée dans les poèmes indiens Ahanâ et Dahanâ. Voici maintenant comment se produit chez la déesse l’acte extraordinaire de surgir du front de son père : Zeus était un nom à la fois du Ciel visible et du Ciel spirituel, et l’on disait que l’Aurore s’élance du front du Ciel, en d’autres mots, de l’Est. Reste la hache de Héphaistos. Cette particularité de l’histoire provient d’une expression disant simplement que la lumière du matin ouvre, c’est-à-dire illumine, la face ou le front obscur du ciel. Tel est le sens d’une fable qui valut à Athéné différents surnoms : on l’appela, dans quelques États grecs, Coryphasia (de Koryphê, tête, et Acria, haut sommet) ; chez les Romains, Capta (de caput, tête) (fig. 48). Quant à l’appellation de Tritogénéia, quelques-uns crurent y voir,