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Page:Manuel d’Épictète, trad. Guyau, 1875.djvu/24

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XIV
ÉTUDE

telligence le temps que lui laissent ses sens[1]. Le sage idéal, en un mot, ne doit ni rien penser ni rien faire au hasard, « pas même lever le doigt[2]. »

Arriver à cet idéal n’est pas facile ; y tendre est toujours possible. Pour cela, il n’est pas besoin d’une aide étrangère : « il faut bander son âme vers ce but » ; « il faut vouloir, et la chose est faite : nous sommes redressés.[3] » « En nous est notre perte ou notre secours[4]. » Nous n’hésiterions pas à secourir quelqu’un qu’on violenterait, et nous tardons à nous secourir nous-mêmes, nous que violentent sans cesse imaginations et opinions fausses ! « Renouvelle-toi toi-même (ἀνανέου σεαυτόν) », dit admirablement Marc-Aurèle[5]. D’un homme semblable à une bête féroce la volonté peut faire un héros ou un dieu[6]. Comme Hercule s’en allait à travers le monde redressant les injustices, domptant les monstres, ainsi chaque homme peut, dans son propre cœur,

  1. Ib., III, ix.
  2. Οὐδὲ τὸν δάκτυλον εἰκῆ ἐκτείνειν. Stob. Flor., liii, 58.
  3. Entretiens, IV, xii.
  4. Ibid., IV, ix.
  5. Marc-Aur., IV, iii.
  6. Plutarque, Stoïc. paradox.