Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
les forçats du mariage

— Absolument rien.

— Pourquoi es-tu triste ?

— Pourquoi serais-je gaie ?

— Tu m’en veux peut-être d’avoir refusé d’acheter cet hôtel ?

— Pas du tout ; n’êtes-vous pas maître de votre fortune ?

Cette réponse frappa au cœur le pauvre Étienne.

Il fit un léger mouvement en arrière, comme sil venait de recevoir un coup en pleine poitrine.

— Oh ! Juliette, ma chère Juliette, tout n’est-il pas commun entre nous ? Pour satisfaire un de tes désirs, je donnerais ma vie, à plus forte raison ma fortune. Souhaites-tu cet hôtel ? nous l’achèterons tout de suite.

— Vous êtes si raisonnable, que je n’ose, moi, vous demander une pareille dépense. Un homme fait des folies pour une maîtresse ; il ne les fait pas pour sa femme.

— Comme tu es injuste, Juliette ! Ne sais-tu pas que tu es tout pour moi, que je n’ai jamais aimé aucune autre femme, et que je t’aime éperdument ? Si j’ai montré tout à l’heure quelque prévoyance, ce n’est pas pour moi. Je n’ai aucun besoin de luxe, pas même de confort. Je ne souhaite que les jouissances du cœur. Te chérir, te rendre heureuse, te parer, puisque tu aimes le luxe, je n’ai pas d’autre ambition. Ma prévoyance est pour toi seule et pour nos enfants.