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les forçats du mariage

fice ; mais il ne peut éteindre cette flamme qui nous brûle ; il ne peut t’aimer comme je t’aime ; il ne t’émeut pas, il ne te brûle pas, lui.

— Je l’aime, dit-elle faiblement.

— Non, tu ne l’aimes pas. Ton cœur bat-il quand tu l’entends venir, ou quand il s’éloigne ? Lorsqu’il est auprès de toi, te sens-tu troublée, engourdie ? As-tu jamais pleuré d’amour sous un de ses regards ? Non, car pour communiquer ce feu qui dévore, il faut le porter en soi, il faut…

— Assez, interrompit Juliette, pâle, oppressée, les lèvres tremblantes.

En cet instant, la porte de la loge s’ouvrit. Marcelle entrait, accompagnée de son père.

Elle avait deviné, à l’impatience de Robert, que ce n’était pas sa seule amitié pour les Moriceau qui le conduisait aux Italiens. Poussée par la jalousie, elle avait surmonté la douleur, et s’était habillée pour venir les rejoindre.

En trouvant son mari seul avec Juliette dans une demi-obscurité, en remarquant leur embarras et l’empressement même de Robert à l’accueillir, elle ne douta plus : ses soupçons devinrent une certitude. Le coup qu’elle reçut au cœur fut si douloureux qu’elle se sentit chanceler.

Quant à l’auguste Rabourdet, il ne vit que la beauté de Juliette. Il fut ébloui d’une telle splendeur. Juliette, en effet, possédait au plus haut de-