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les forçats du mariage

Le ver luisant conviait sa compagne en allumant dans l’herbe la lampe de son boudoir.

Les fleurs épandaient dans l’air leurs parfums, hymnes d’amour ; et de la terre, encore en travail de sève, irradiaient de pénétrants effluves. Tous les sens étaient imprégnés de ces parfums, de ces bruits harmonieux ; et en même temps l’âme se perdait rêveuse à travers l’immensité de ce ciel où roulent des univers infinis.

Au milieu de cette nature prodigue de voluptés et de bonheur, seuls, Étienne et Marcelle souffraient par l’amour. Partout le calme, l’apaisement de la passion satisfaite ; en eux seulement s’agitait la tempête.

Étienne, pour soutenir Marcelle, lui pressait le bras contre sa poitrine. Son cœur battait avec une telle violence qu’elle en fut effrayée.

— Pauvre cœur ! murmura-t-elle, comme se parlant à elle-même.

Il y eut un silence.

— Vous souffrez beaucoup ? demanda-t-elle.

— Oui, dit-il, les dents serrées.

— Aimer, n’est-ce pas ? est une horrible maladie.

— Vous avez souffert aussi, vous ?

Pour toute réponse, Marcelle laissa tomber sa main dans celle d’Étienne, et leurs regards se rencontrèrent.

Par ce regard, il s’établit entre eux comme un