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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/357

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les forçats du mariage

pieds ; il fut retenu par la gravité, par la sévérité de son accueil. Elle ne lui adressa pourtant aucun reproche.

Il rentra dans son appartement.

Désespéré, las de vivre, il avait perdu cette énergie nerveuse qui lui permettait autrefois de réagir si gaiement contre les mauvais tours du sort.

Depuis une demi-heure il était devant son feu, les pieds sur ses chenets, regardant les tisons d’un œil vague et morne, dans l’attitude, en un mot, d’un homme accablé sous le poids de l’infortune, quand on annonça Pierre Fromont.

Juliette, ne recevant aucune réponse à ses lettres, l’envoyait à Robert comme ambassadeur.

— Ah ! te voilà ! fit machinalement Robert.

— Es-tu malade ? demanda Pierre, surpris de lui voir ce visage atone.

— Oui, très-malade.

— Quelle maladie ?

— Une maladie mortelle : le dégoût de la vie.

— Tu n’as donc plus d’argent ?

— Je suis ruiné, archi-ruiné. J’ai tout perdu : l’honneur, l’amour de ma femme et l’estime de moi-même.

— Et Toto peut-être t’a mis à la porte ?

— Cela m’est égal ; je ne l’aime plus.

— Eh bien ! mon cher, en revanche, Juliette t’aime toujours. C’est elle qui m’envoie.