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les forçats du mariage

bourgeois. Il est temps. Mets au monde encore une demi-douzaine d’enfants, fais-toi patriarche, fonde une dynastie, puisque tu n’as pas contre les enfants les mêmes préventions que ton serviteur. Tel est le genre de suicide que je te conseille.

— Comment, c’est toi, toi dont toute la philosophie se base sur la fatalité des organisations, qui viens me prêcher cette sorte d’huîtrification ?

— Allons ! reprit Pierre, puisque tu plaisantes, me voilà plus tranquille, et j’espère que tes idées noires vont s’envoler au premier rayon du soleil.

— Le soleil, en effet, voilà la seule bonne chose de la vie, la seule jouissance qui ne laisse après elle aucune amertume, la seule que je regretterai.

— Et l’amour ? ingrat ! Viens voir Juliette, ne fût-ce que par reconnaissance.

— Tes affaires ne marchent donc pas ?

— Elle a consenti hier à poser pour son portrait, mais seulement si je t’amenais chez elle. Tu le vois, de gré ou de force, il faut que je t’y conduise.

— C’est bon, j’irai pour te rendre service.

— Pourrais-je saluer ta femme ?

— Si tu veux. Mais ne lui dis pas un mot de notre conversation.

— Sois tranquille.

Pierre entra chez Marcelle. Il connaissait assez Robert pour savoir que son ami méditait sérieusement un suicide. Il crut, devoir communiquer ses craintes à Mme de Luz.