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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/413

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les forçats du mariage

— Une de ces aventurières qui chaque été infestent les villes d’eaux.

Juliette en cet instant s’approchait de Robert, et lui parlait à demi-voix.

— Et ce monsieur auquel elle adresse la parole ? poursuivit Étienne.

— Un joueur, une espèce de chevalier d’industrie, ou si vous aimez mieux, de chevalier d’amour, qui, dit-on, vit aux crochets de cette femme. Il joue avec son argent.

— Savez-vous où ils sont descendus ?

— Oui, à l’hôtel Victoria. Ah ! ah ! ajouta-t-il, seriez-vous pincé par la belle Moriceau ? Je vous préviens qu’elle coûte fort cher, plus qu’elle ne vaut. Comme elle pose pour une femme honnête qui a eu des malheurs, il faut lui payer ses malheurs ; et comme elle conserve un certain décorum de femme du monde, il faut encore payer cela, ainsi qu’on paye le luxe des boutiques qui étalent beaucoup de tapis et de dorures.

Étienne alors sortit, se rendit à l’hôtel Victoria ; et là, en glissant une pièce d’or dans la main du garçon d’hôtel, il lui demanda une chambre voisine de celle de Mme Moriceau.

Le garçon sourit.

— Il y en a une justement, répondit-il, qui peut communiquer avec l’appartement de cette dame. Seulement la porte est condamnée ; mais il ne vous