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Page:Marx - Le Capital, Lachâtre, 1872.djvu/228

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CHAPITRE XVIII

FORMULES DIVERSES POUR LE TAUX DE LA PLUS-VALUE

On a vu que le taux de la plus-value est représenté par les formules :

I.

Les deux premières raisons expriment comme rapports de valeur ce que la troisième exprime comme un rapport des espaces de temps dans lesquels ces valeurs sont produites.

Ces formules, complémentaires l’une de l’autre, ne se trouvent qu’implicitement et inconsciemment dans l’économie politique classique, où les formules suivantes jouent au contraire un grand rôle :

II. [1]

Une seule et même proportion est ici exprimée tour à tour sous la formule des quantités de travail, des valeurs dans lesquelles ces quantités se réalisent, et des produits dans lesquels ces valeurs existent. Il est sous‑entendu que par valeur du produit il faut comprendre le produit en valeur rendu par une journée de travail, et qu’il n’y est pas renfermé une parcelle de la valeur des moyens de production.

Dans toutes ces formules le degré réel de l’exploitation du travail ou le taux de la plus-value est faussement exprimé. Dans l’exemple employé plus haut, le degré réel d’exploitation serait indiqué par les proportions :

D’après les formules II, nous obtenons au contraire :

Ces formules dérivées n’expriment en fait que la proportion suivant laquelle la journée de travail, ou son produit en valeur, se distribue entre l’ouvrier et le capitaliste. Si on les traite comme des expressions immédiates de la mise en valeur du capital, on arrive à cette loi erronée : Le surtravail ou la plus-value ne peuvent jamais atteindre cent pour cent[2]. Le surtravail n’étant qu’une partie aliquote de la journée, et la plus-value qu’une partie aliquote de la somme de valeur produite, le surtravail est nécessairement toujours plus petit que la journée de travail, ou la plus-value toujours moindre que la valeur produite. Si le surtravail était à la journée de travail comme 100 est à 100, il absorberait la journée entière (il s’agit ici de la journée moyenne de l’année), et le travail nécessaire s’évanouirait. Mais si le travail nécessaire disparaît, le surtravail disparaît également, puisque celui‑ci n’est qu’une fonction de celui-là. La raison ou ne peut donc jamais atteindre la limite et encore moins s’élever à .

Mais il en est autrement du taux de la plus-value ou du degré réel d’exploitation du travail. Qu’on prenne par exemple l’estimation de M. Léonce de Lavergne, d’après laquelle l’ouvrier agricole anglais n’obtient que 1/4, tandis que le capitaliste (fermier)

  1. Nous mettons la première formule entre parenthèses parce que la notion du surtravail ne se trouve pas explicitement dans l’économie politique bourgeoise.
  2. V. par exemple : Dritter Brief an v. Kirchmann von Rodbertus. Widerlegung der Ricardo’schen Theorie von der Grundrente und Begründung einer neuen Rententheorie. Berlin, 1851.