Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/143

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spiritualité à Lyon, une de ses résidences habituelles pendant cette période de sa vie. Était-il occupé d’études philosophiques ou religieuses, d’expériences magnétiques ou d’opérations théurgiques ? On ne l’apprend pas bien nettement ; mais, dans tous les cas, ses travaux étaient essentiellement mystiques. Il nous apprend bien qu’il fut à Lyon en 1785, mais c’est en passant et à propos de choses qu’il ne fait qu’effleurer, s’exprimant de façon à voiler plutôt qu’à révéler ses études.

« J’ay été très-chaste dans mon enfance, dit-il (Portrait, 346), et l’agent de Lyon m’a désigné tel lorsqu’il m’a vu dans ma racine en 1785. »

Mais qu’est-ce que voir un homme dans sa racine ? Qu’est-ce que l’agent de Lyon ?

Le mot d’agent, dans les lettres de Saint-Martin, désigne souvent une intelligence supérieure, bonne ou mauvaise. Si l’agent de Lyon en était une, était-il du premier ordre ? Était-ce un esprit amené par la théurgie ? En ce cas on le faisait donc parler par cette science !

En tout cas, la clairvoyance de l’agent et la croyance de Saint-Martin auraient été très-grandes toutes deux, puisque la première aurait vu le théosophe jusque dans sa racine, et que la seconde aurait si nettement accepté l’intuition.

Mais voilons plutôt ces mots énigmatiques avec l’auteur, qui se plaît, d’ailleurs, à voiler le tout, même sa jeunesse, puisqu’il l’appelle son enfance, et quittons ces faits d’une pneumatologie très-hasardée, pour nous attacher aux révélations éthiques très-positives qui les suivent, révélations qui jettent un bien beau jour sur l’œuvre morale, sur le débat intime qui s’accomplit dans