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Page:Matton - Le croyant, 1852.djvu/48

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Naguères, au milieu d’une plaine fertile,
Le touriste attentif pouvait encore voir
Les restes oubliés d’un antique manoir ;
C’est en ces lieux qu’est né le guerrier magnanime
Qu’élurent les croisés d’une voix unanime.
C’était toi, ce héros, ô pieux Godefroid,
Que l’Aralbe n’osait regarder sans effroi,
Toi dont le bras terrible a dompté sa furie
Toi qui fis honorer le nom de ma patrie !

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Franchissons maintenant le désert sablonneux ;
Suivons les pas vainqueurs de nos vaillants aïeux ;
Hâtons-nous d’aborder à la rive sacrée
Où la tombe du Christ fut par eux délivrée.

Sous le limpide azur du beau ciel d’orient,
Tout-à-coup m’apparaît un spectacle riant :
Ce sont des bois touffus et de verts paysages,
Où le troupeau s’égare en de gras pâturages ;
Vers le sud resplendit un sommet radieux ;
C’est l’Olympe, où la fable avait placé ses dieux.
Plus loin, l’Ascanius caresse de ses ondes
Une place de guerre aux murailles profondes ;
C’est l’antique Nicée ; au milieu des combats,
Elle a vu s’illustrer nos valeureux soldats ;
C’est là qu’a retenti leur trompette d’alarmes,
C’est là que Godefroid a fait briller nos armes.

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Le vent a soulevé le sable du désert ;
La plaine devant moi s’étend comme une mer,
Une mer sans vaisseaux, sans îles, sans rivage,
Et de l’immensité me présentant l’image.
C’est en ces sombres lieux que les preux de la Croix,
Décimés par la faim, périrent autrefois.
Vers la terre enflammée inclinant son calice,
La plante se fanait sous les feux du solstice,
Des rares oasis les ruisseaux languissants