Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Jamais une race anatomiquement inférieure n’a créé une civilisation supérieure. Sur une telle race pèse une malédiction organique dont le poids ne se peut alléger que par des efforts bien plus que millénaires, par une lutte pour le mieux soutenue pendant des cycles géologiques. Or, sous le rapport de la noblesse organique, les races humaines sont fort dissemblables : les unes sont élues, les autres sont réprouvées… On a affirmé (Buckle) que les premières civilisations dignes de ce nom se développaient là seulement où le règne végétal fournissait une facile alimentation. Il y a du vrai dans cette proposition, mais les conditions du milieu ne font pas tout. Quoi de plus fortuné, sous ce rapport, que les bienheureuses îles de l’Océanie intertropicale ? et, pourtant, les sociétés humaines y sont demeurées à l’état rudimentaire. — Dira-t-on qu’en Polynésie l’homme ne s’est point développé à cause de son isolement, parce que son champ d’expérimentation, d’émigration était trop borné ? En Asie, en Europe, le mouvement de la civilisation semble d’accord avec cette interprétation des faits ; mais il en est tout autrement en Afrique. En effet, le Cafre n’est pas sensiblement supérieur au Chillouk du Nil blanc, et le Hottentot lui est fort inférieur. En Amérique, l’influence des migrations, du climat tempéré est plus contestable encore[1]. Les seuls essais de

  1. Ces objections sont justes : seulement elles ne s’adressent pas à la théorie géographique du milieu, mais aux abus que certains auteurs en ont fait en exagérant l’importance