Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/141

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rieuse de l’Euphrate « où fut pétri le premier pain[1] », n’en mérite pas moins son ancien surnom de « pays des céréales » : elle est encore plus fertile que mainte contrée prospère de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et pourrait nourrir une population autrement nombreuse que le misérable résidu des anciens compagnons des Khalifes. D’ailleurs il est vrai que, dans la dégradation du sol, une part peut revenir à un régime social fâcheux, mais cette part ne saurait être invoquée comme une cause naturelle de la déchéance historique des nations, puisqu’elle est, au contraire, un produit de cette déchéance même.

Le phénomène de l’assèchement progressif de l’air et du sol de ces régions, territoires historiques de l’Asie par excellence, fait naturellement soupçonner une cause physique, puissante et générale, mais qui nous est encore inconnue, il n’est peut-être pas sans rapport avec la disparition constante et rapide des derniers restes du grand Océan tertiaire, dont les îlots s’étendaient autrefois entre l’Asie et l’Europe, et que rappellent seulement les bassins fermés de la mer d’Aral, de la Caspienne, du Balkach, et autres lacs ou mers intérieures de l’Asie centrale[2].

Ces exemples suffisent à mettre en évidence le

  1. Élisée Reclus, ouvrage cité.
  2. M. Venukoff a publié, dans la livraison d’août 1886 de la Revue de Géographie de M. Ludovic Drapeyron, d’importantes recherches sur l’assèchement des lacs de l’Asie intérieure.