Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/150

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chronologie confucienne[1], on ne saurait reporter la genèse à vingt siècles avant l’ère chrétienne, et qui n’a pas cessé de s’étendre vers le sud, des bords du Wei-ho et du fleuve Jaune (isotherme, 15°), à ceux du Yang-tzé-kiang (18°), pour franchir le tropique du Cancer à Canton et à Formose (22°).

Les lignes isothermes, nous l’avons vu plus haut, posent d’incontestables limites à ce que l’on peut appeler l’arène des civilisations historiques, mais ces limites sont assez larges et coïncident grosso modo avec les moyennes annuelles de + 4° au moins, et de + 20 ou 22° au plus. Quelle que soit leur importance locale, les cinq ou six villes populeuses qu’on trouverait à nommer au sud de cette frontière, Mexico, Kano, Madras, Bombay, Calcutta, jouent un rôle très subordonné dans les annales collectives de l’humanité. Or, toutes les variations cosmiques ou telluriques constatées par la science, en diverses régions de notre planète, oscillent entre des extrêmes beaucoup plus rapprochés. Une civilisation historique, surtout parvenue à un certain degré de maturité, n’est certes pas semblable à ces plantes délicates qu’un faible écart thermique stérilise ou fait périr. Les fils de la verte Érin, nés dans une île dont la température moyenne n’atteint pas 10°, prospèrent dans le district de S. Diego (los Angeles), sur les frontières du Mexique, bien mieux

  1. Qui d’ailleurs est inadmissible. Voir la remarquable étude de M. Vassilieff dans l’Histoire des littératures anciennes, publiée (en russe) par M. V. Korsch.