Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/169

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c’est de mettre du sel sur la table. Ils n’adressent jamais la parole à des pilotes, parce que ceux-ci pratiquent la mer et vivent de la mer. Pour le même motif, ils ont l’horreur du poisson. » « D’ailleurs cette parole des pythagoriciens : La mer est une larme de Saturne, donne également à penser que la mer est un élément impur… Une stérilité du sol et une infertilité complète sont causées par le voisinage de la mer, voisinage essentiellement infécond… Typhon était anciennement maître de ce qui constitue le partage d’Osiris. En effet, l’Égypte a été une mer. C’est pour cela que, dans les mines et dans les montagnes, on trouve encore aujourd’hui un grand nombre de coquillages… Horus, avec le temps, a triomphé de Typhon. Cela veut dire que… le Nil refoula la mer, mit la plaine a nu, et la remplit successivement de nouveaux amas de terre[1]. »

Avec une si fâcheuse idée de la nature de la mer, les Égyptiens ne pouvaient songer à s’y aventurer : Psammétik et les siens se contentèrent de payer des flottes étrangères pour la défense du littoral et pour les expéditions lointaines. Aussi bien, une cause naturelle s’opposait à la transformation du pays en puissance maritime : le manque de bois de construction dans la vallée du Nil. Ne sachant se soumettre aux exigences nouvelles d’un milieu dont la valeur historique avait si essentiellement

  1. Sur Isis et Osiris, traduction française de M. V. Détoland.