Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/171

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punique, est fondée vers l’an 800 avant Jésus-Christ ; elle devint presque aussitôt le plus actif foyer de cette civilisation si essentiellement méditerranéenne. On sait ce que le monde maritime doit à ces hardis navigateurs, mais le mérite principal des confédérations phéniciennes devant l’histoire universelle, consiste peut-être en ce qu’elles transmirent aux Grecs et aux Italiotes le flambeau sacré reçu des Égyptiens et des Assyriens[1]. La Provence et la péninsule Ibérienne[2] eurent aussi leur part de

    admise. Il ne me paraît cependant pas impossible que ce nom vienne de Karl-Kedeshot, ville de la Prostituèe sainte, c’est-à-dire de Tanith.

  1. En jugeant d’après les restes, assez peu nombreux, de l’art phénicien, on a affirmé que les villes de Syrie devaient tout à l’Assyro-Babylonie et que les influences égyptiennes étaient à peu près nulles en Phénicie. (Cl. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité.) Mais l’œuvre immortelle des navigateurs phéniciens, l’invention de l’alphabet, ne fut qu’une adaptation de l’écriture de l’Égypte à la transcription des sons des langues étrangères. De plus, les fédérations phéniciennes n’apparaissent sur la scène de l’histoire que lorsqu’elles y sont, pour ainsi dire, amenées de force par la conquête égyptienne. D’ailleurs, le rôle historique des Phéniciens était nécessairement subordonné à l’existence de civilisations raffinées et de puissants États dans le voisinage de la mer Intérieure. En leur qualité de pirates, il leur fallait des villes riches et populeuses à piller : celle de négociants exigeait des consommateurs capables d’apprécier leurs marchandises. — En thèse générale, je serais porté à croire que les influences égyptiennes ont été transmises aux Hellènes et aux Italiotes surtout par les Phéniciens, tandis que celle de l’Assyro-Babylonie pénétraient dans les deux Grèces par l’Asie Mineure (les Hittites), aussi bien que par la Mediterranée.
  2. On est surpris de voir le nombre de villes qui, en Espagne, rapportent leur origine à Hercule, le Melkart tyrien. En jugeant d’après ces traditions, on doit reconnaître