Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/259

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adorateurs par dizaines de mille, pour ériger les monstruosités gigantesques qui font l’étonnement des siècles !

Je ne sais quelle révolution cachée se produisit dans les institutions et les mœurs de l’ancien empire, mais il est certain qu’avec la xiie dynastie les choses changèrent tout à coup de nature. Voici en quels termes Amen-em-hat Ier, le fondateur de cette glorieuse lignée de pharaons nouveaux, célèbre son activité ; il dit à Ousour-te-sen, son fils et son héritier : « Soit que les sauterelles aient organisé le pillage, soit qu’on ait machiné des désordres dans le palais, soit que l’inondation ait été insuffisante et que les réservoirs se soient desséchés, ou qu’on se soit souvenu de ta jeunesse pour agir (contre moi), je n’ai jamais reculé depuis que je suis né… J’ai fait labourer la terre jusqu’à Abou ; j’ai répandu la joie jusqu’à Adhou, je suis celui qui fais pousser les trois espèces de grains, l’ami de Neprat (le dieu des récoltes). Le Nil a accordé à mes prières l’inondation sur tous les champs : point d’affamé sous moi, point d’altéré sous moi, car on agissait selon mes ordres, et tout ce que je disais était un nouveau sujet d’amour. J’ai terrassé le lion et capturé le crocodile…. Agis mieux que n’ont fait tes prédécesseurs, maintiens la bonne harmonie entre tes sujets et toi[1]. »

Ce conseil d’agir mieux que ses prédécesseurs

  1. Traduction de G. Maspero.