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L’INDUS ET LA GANGE

fois, l’amour, source nouvelle de l’esprit… Les poètes, méditant dans leur cœur, ont découvert ce lien entre les choses créées et ce qui est incréé. Cette étincelle qui jaillit partout, qui pénètre tout, vient-elle de la terre ou du ciel ? Qui connaît le secret ? qui nous a dit d’où est sortie cette création si variée ? Les dieux eux-mêmes sont arrivés plus tard à l’existence : qui sait d’où est tiré ce vaste monde ? Celui qui a été l’auteur de toute cette création, soit que sa volonté l’ait ordonné, soit que sa volonté ait été muette, le Très-Haut Voyant qui réside au plus haut des cieux, c’est lui qui le sait, ou peut-être lui-même ne le sait il pas ! »

Cet hymne, qui marque le point culminant de la croyance védique, n’en indique pas moins une certaine infériorité des dieux ; il les déclare « arrivés plus tard à l’existence » que la création. Il les subordonne en outre à ce Très-Haut Voyant qui a créé toutes choses sciemment ou inconsciemment, qui peut-être sait ou peut-être ignore le mystère de la création ;… mais, aux temps anciens, nulle mention ne fut faite de cet Être suprême, et de l’époque philosophique, si faiblement représentée dans le Rig-Veda, datent d’autres chants qui célèbrent la science, le scepticisme au détriment de la foi :

« La science est plus grande que tout ce qui est grand, et la prière, manifestation d’une croyance aveugle, est plus basse que tout ce qui est bas. La foi irréfléchie n’est pas arya (noble) ; elle doit retourner dans ces contrées lointaines d’où elle est