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L’INDUS ET LA GANGE

et les femmes des brahmanes : ce ne fut partout que trouble et confusion ; la Terre consternée supplia le champion de la toute-puissance sacerdotale de rétablir la paix autour de lui. Alors, d’après les Pourana, Paraçou Rama transforma les anciennes classes en castes[1], c’est-à-dire qu’il créa la première constitution qu’ait connue le genre humain, le premier pacte par lequel les diverses classes sociales se soumirent à un ordre établi, résultat des luttes sanglantes où se dessécha la sève vitale des populations indo-gangétiques. Dans l’accroissement du pouvoir des prêtres, l’Inde trouvait un contrepoids à la toute-puissance royale ; les castes déshéritées se courbèrent sous ce double joug, espérant perpétuer un équilibre si péniblement acquis, et ne plus voir renaître d’interminables combats.

Arrivée à la limite extrême de la période fluviale des civilisations, la nation hindoue, enfermée dans son milieu sans issue, se résigne à la mort dans l’histoire pour se livrer à l’extase contemplative des fakirs, cette plante éclose spontanément du sol gangétique. De nos jours, le régime rigoureux des castes ne fait loi que dans l’Aryavarta oriental, tandis que sur l’Indus, radjpoute ou kachmirien, on entend encore les derniers échos des traditions védiques et kchatryennes.

  1. Ém. Burnouf ; Chr. Lassen, ouv. cités.