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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

Les nombreuses vallées creuses, les ravines qui entaillent le sol dans toutes les directions trompent l’œil du voyageur : en s’engageant dans ces tranchées, il croit cheminer dans une gorge entre deux versants abrupts ; mais ce qu’il prend pour des montagnes, ce sont les parois de la coupure qui pénètre dans le plateau à une profondeur considérable. Des districts de plusieurs dizaines de kilomètres sont hachés par ces excavations parallèles qui, tout en restant fort étroites, descendent quelquefois jusqu’à 2000 pieds, et, non seulement traversent la couche du löss, mais aussi entament le grès sur lequel il repose. Pour connaître le véritable caractère du paysage, il faut gagner les crêtes ou terrasses qui séparent deux galeries ; alors, à perte de vue, on n’aperçoit que ces hachures parallèles, séparées par des tranches de terrain et rappelant les dents d’un peigne gigantesque. Dans les vallées longues et suffisamment arrosées, les villages sont situés au fond, et les champs de labour occupent les hauteurs recouvertes de löss ; mais dans les ravines étroites et dépourvues d’eau, on bâtit sur les terrasses de séparation, et les cultures s’échelonnent sur les talus. Comme l’eau ne se trouve qu’entre le löss et les grès, les habitants ont parfois à descendre de 200 mètres et plus pour s’en approvisionner.

« Tout ce que Richthofen a dit des terres jaunes du Chen-si est exact aussi pour la province de Kañ-sou ; on voit ici ces mêmes galeries étroites, ces mêmes crevasses verticales de plus de 10 mètres