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Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/85

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ἧπαρ, ἥπατος (hêpar, hêpatos), lat. iecur, iecinoris ne s’est pas conservée en arménien ; mais il en subsiste une trace dans l’opposition de hur հուր « feu », cf. gr. πῦρ (pur), v. h. a. fiur et du dérivé hnoc̣ հնոց « four », cf. got. fon, génit. funins « feu ».

γ) Mots anomaux.

50. — En arménien, comme dans les autres langues, les mots anomaux sont en grande partie des restes isolés de types autrefois réguliers.

Le nominatif-accusatif singulier k‘oyr քոյր « sœur » est l’ancien nominatif *swesôr (v. § 15) ; le génitif-datif-locatif k‘eṙ քեռ représente *swesros, *swesrei, *swesri (v. § 20) ; l’instrumental k‘erb քերբ a été refait sur le génitif, car *swesṛbhi aurait sans doute abouti à *k‘arb, et l’on expliquera de même le génitif-datif-ablatif pluriel k‘erc̣ քերց ; le nominatif pluriel k‘or-k‘ քորք repose sur i.-e. *swesores.

De ayr այր « homme » il faut rapprocher gr. ἀνήρ (anêr) ; ayr այր serait l’ancien nominatif à identifier à gr. ἀνήρ (anêr) ; le génitif-datif-locatif aṙn առն répond à ἀνδρός, ἀνδρί (andros, andri) et représente une transposition de nr en rn, d’où ṙn ռն ; l’instrumental aramb արամբ serait fait sur aṙn առն ; l’accusatif pluriel ars արս peut s’expliquer par *anr̥ns, cf. ἄνδρας (andras), et de là le nom. plur. ark‘ արք. – On a vu § 19 que tēr տէր est composé de ti- (ancien *tē-) et ayr ; ceci posé, la flexion de tēr տէր « seigneur », gén. teaṙn տեառն s’explique d’elle-même.

Sur la flexion de awr աւր « jour », gén. dat. abl. awur աւուր (d’où abl. awrē աւրէ ancien *awurē), v. § 25.

51. — Les mots otn ոտն « pied » et jeṙn ձեռն « main », thèmes en -n- au singulier, font au pluriel, l’un otk‘ ոտք, otic̣ ոտից, l’autre jeṙk‘ ձեռք, jeṙac̣ ձեռաց ; c’est que ce ne sont pas d’anciens thèmes en -n- la nasale du singulier provient de ce que la forme de nominatif-accusatif singulier repose sur l’ancien accusatif, étant donné que l’arménien ne distingue pas le nominatif de l’accusatif au singulier. Ici c’est la forme de l’accusatif qui a été généralisée : otn ոտն répond à gr. πόδα (poda), jeṙn ձեռն à gr. χεῖρα (cheira) ; sur le nom.-accusatif il a été fait une flexion du singulier en -n- ; mais le pluriel n’a