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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/545

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cré d’article dans sa France littéraire, ne s’est signalé ni par le mérite du style, ni par l’importance ou l’intérêt de ses ouvrages ; c’était, a tout prendre, un homme fort ordinaire, et cependant, chose bizarre, ses écrits sont recherchés avec un empressement extrême et payés dans les veilles publiques un prix énorme. C’est que d’abord traitant presque tous de généalogies, ils s’adressent aux vanités de famille, vanités qui n’excluent pas toujours un légitime orgueil ; qu’en second lieu ils ont été tirés à un très petit nombre d’exemplaires, et qu’enfin ils contiennent une foule de détails locaux, de renseignements minutieux qu’on chercherait vainement ailleurs. Depuis le règne d’Albert et d’Isabelle, les anoblissements s’étaient scandaleusement multipliés dans les Pays-Bas, et la véritable illustration devenait de jour en jour plus rare. Les nouveaux gentilshommes, n’ayant rien de plus pressé que d’étaler leurs titres, s’efforçaient de les rattacher aux siècles écoulés. D’un autre côté, la malignité trouvait quelque plaisir à contrôler ces prétentions, de sorte que presque tout le monde était généalogiste, et que la littérature, tarie dans ses sources, se réduisait au savoir d’un héraut d’armes. Voilà ce qui explique la vogue des écrits d’Azévédo, vogue qui subsiste encore, malgré les changements politiques et moraux qu’a subis le pays, parce que les idées aristocratiques sont encore plus vivaces qu’on ne le croit, et qu’elles refleurissent, mais sur un autre terrain, en dépit des révolutions les plus populaires en apparence. — Voici la liste de ces écrits : 1° Table généalogique de la famille de Corten, patrons laicqs (sie) des canonicats de l’église collégiale de Notre-Dame au delà de la Dyle, à Malines, avec quelques pièces annexées, etc., Louvain, 1735, grand in-fol. de 82 pages et 15 planches. L’auteur déclare, dans l’avertissement de ce livre, qu’il n’en fera tirer que 150 exemplaires. 2° Généalogie de la famille Vander Noot (sans nom de lieu ni d’imprimeur), 1771, grand in-fol. de 448 pages. C'est, à proprement parler, un nobiliaire général de la Belgique, vu le grand nombre de familles dont on y fait mention. Aux pages 31 et 32 se trouve la généalogie de l’auteur lui-même. Il nous apprend qu’il était fils de Jean-Baptiste de Azévédo, lequel servit avec honneur dans les armées hollandaises, et de Jeanne-Marie Corten. 3° Table généalogique de la famille de Heyns, alias Smets, 15 p. grand in-fol. 4° Table généalogique de la famille de van Kiel, 1-l p. grand in-fol. 5° Table généalogique de la famille de van Criechingen, à la suite de la précédente, p. 15 à 18 p., plus un feuillet de table pour les deux. 6° Généalogie de la famille de Brecht, 11 p. grand in-fol. 7° Arbre généalogique de la famille de Bayard, 8 p. grand in-fol. 8° Table généalogique de la famille de Liebercke, 8 p. gr. in-fol. 9° Table généalogique de la famille de Vander Lind, 11 p. grand in-fol. avec l’index. 10° Table généalogique de la famille de Schooff, 51 p. grand in-fol. 11° Abrégé chronologique des Coloma de Bornhem, une feuille in-plano. Ce tableau a besoin d’être éclairci par des recherches que nous ne croyons pas d’Azévédo, et intitulées : la Descendance des comtes de Bornhem, vicomtes de Dourlens, et des barons de Moriensart et de Seroux, 16 p. in-fol. ; plus un tableau d’une feuille in-plano. 12° Généalogie de la famille de Coloma, Louvain, 1759, in-fol., qu’il est rare de rencontrer complet. 13° Courte Chronique d’un grand nombre d’événements arrivés dans les principales villes du Brabant, ainsi que dans la ville et province de Malines, depuis la naissance de Jésus-Christ (en flamand), publiée dans une suite d’annuaires ou d’almanachs imprimés à Louvain, de 1747 à 1780. 14° Déduction et Exposition de l’état de ceux de Malines, depuis le premier brisement des images, le 28 mars 1565, jusqu’au 9 octobre 1566 (en flamand), Louvain, 1770, in-12. C’est un supplément a la partie de la Chronique publiée en 1769. (Voy. le numéro précéd.)

AZIM-ED-DAULAH BEHADOUR, que l’on peut regarder comme le dernier nabab titulaire du Carnatik ou d’Arcate, dans la presqu’île occidentale de l’Inde, descendait immédiatement du nabab Mohammed-Ali-Kan, qui, durant ce long règne, avait été constamment dévoué aux intérêts britanniques. Omdet-el-Omrah Waladjah, fils et successeur de ce dernier, avait su conserver ses États et son autorité. Dix jours avant sa mort, en juillet 1801, le gouverneur de Madras s’était emparé du palais du nabab, sans que celui-ci en eût été informé. À peine eut-il expiré, que deux commissaires anglais, sous le prétexte peu fondé qu’il avait entretenu des correspondances avec Tippou-Sultan, annulèrent le testament par lequel il déclarait son fils Houçain Ali pour son successeur, et sommèrent le jeune nabab de remettre la souveraineté du Carnatik à la compagnie qui, à cette condition, lui assurerait un traitement considérable. Houçain Ali ayant refusé de souscrire à ce honteux traité, et offert vainement de céder quatre de ses provinces, pourvu qu’on lui laissât la souveraineté du reste de ses États, une salve d’artillerie du fort St-George annonça qu’Azim-ed-Daulah, neveu du petit-fils de Waladjah, était élevé a la dignité de nabab du Carnatik. Le gouvernement de Madras fit publier en même temps que ce prince avait cédé formellement ses États à la compagnie des Indes occidentales. Il fut tiré de la retraite où samère l’avait tenu caché sous le règne précédent, après qu’elle eut produit des preuves satisfaisantes de l’identité de son fils. On avait fait entendre à celui-ci qu’une prison dorée valait mieux qu’une indigence absolue. Cette affaire lit du bruit en Angleterre. Une pétition des tuteurs du prince dépouillé fut présentée à la chambre des communes par Shéridan, et ne donna lieu qu’il d’inutiles débats, par la raison qu’on excuse facilement des crimes dont on profite. Bientôt Houçain Ali, ayant quitté la résidence qui lui avait été affectée hors du palais, y rentra et expira dans l’appartement de sa mère, à peine âgé de 18 ans. Sa mort ne fut sans doute pas naturelle ; mais on aurait tort d’en accuser son cousin Azim-ed-Daulah, qui n’en avait eu ni la volonté, ni le besoin, ni le pouvoir. Le vicomte Valencia, qui, dans la relation de ses voyages, traite fort cavalièrement ce prince, le justille pourtant de cette mort : et ses réti-