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Page:Michel Martin - Livre Henoch ethiopien, Letouzey, 1906.djvu/394

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37. Et je vis qu’un taureau blanc naquit, et ses cornes étaient grandes, et toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel le craignaient et le suppliaient en tout temps. 38. Et je vis jusqu’à ce que furent changées

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Q : « en tout. » 

. D’après ce passage, ce serait seulement après rétablissement de la nouvelle Jérusalem que serait né le Messie , représenté par le taureau blanc aux grandes cornes. Ce passage prouve donc bien la di fié rence d’origine de cette section et du livre des Par&boles dont Fauteur affirme la préexistence du Messie (cf. xlviii , 2, et lxx, i ) et nous le montre prenant part au jugement et à l’établissement du royaume messianique (cf. lxii, 1-2). Pour accorder les deux doc- trines, il faudrait supposer, ou bien, comme le propose Dillmann, que l^auteur rompt ici avec la suite chronologique des événements, dont il se préoccupe assez peu; il tient avant tout à donner un tableau complet du royaume messianique; il n’oublie donc pas le personnage principal , le Messie ; mais il ne prend pas garde qu’il aurait dû le faire entrer en scène au début de Tère messianique ; — ou bien , qu’il ne faut pas prendre dans un sens strict l’expression « naquit », mais y voir seulement l’équivalent de m il apparut ». Le Messie apparaît pour recevoir éternellement les hommages des peuples dans son royaume définitivement établi. Toutes les nations se prosterneront devant lui. — Si l’auteur est fidèle à son symbolisme , il conçoit le Messie comme un homme , puisqu’il le représente par un taureau, et comme un homme juste, puisque c’est un taureau blanc. . Us devinrent tous des taureaux blancs. Il n’y a plus de distinc- tion entre les Gentils et Israël ; tous sont des taureaux blancs, c’est- à-dire de fidèles adorateurs de Dieu. Le Messie lui-même voit croître sa puissance , car il se transforme en un buffle aux grandes cornes noires. Les mss. éthiopiens ont tous lu : « le premier au milieu d’eux devint la parole. » L’original hébreu portait probablement re’êm, « taureau, buffle. » Le traducteur grec, ne comprenant pas ce terme, l’aura simplement transcrit : ^iQ|t. Le traducteur éthiopien , venant ensuite , a pris cette transcription pour le mot piiita , qu’il a traduit parnagar, « parole ». — Goldschmidt propose une autre explication : le texte hébreu aurait porté : « le premier était un agneau {thaleh)^ et cet agneau fut un grand animal. » Le texte n’étant pas vocalisé, le traducteur grec aurait lu millah (mlh), « parole, » au lieu de thaleh (thlh). Cette explication est peu plausible : le premier n’était pas un agneau , mais un taureau (f. 37). — Si on voulait absolument s’en tenir au texte éthiopien, il ne faudrait pas oublier que nagar, « parole, chose, » ne désigne jamais le Verbe en éthiopien. C’est le mot qâl qui