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LIVRE VI, CHAP. XV.


leur patrimoine, ils étoient plus hardis à commettre des crimes.

Les empereurs ayant établi un gouvernement militaire, ils sentirent bientôt qu’il n’étoit pas moins terrible contre eux que contre les sujets ; ils cherchèrent à le tempérer ; ils crurent avoir besoin des dignités et du respect qu’on avoit pour elles.

On s’approcha un peu de la monarchie, et l’on divisa les peines en trois classes [1] : celles qui regardoient les premières personnes de l’État [2], et qui étoient assez douces ; celles qu’on infligeoit aux personnes d’un rang inférieur [3], et qui étoient plus sévères ; enfin, celles qui ne concernoient que les conditions basses [4], et qui furent les plus rigoureuses.

Le féroce et insensé Maximin irrita, pour ainsi dire, le gouvernement militaire qu’il auroit fallu adoucir. Le sénat apprenoit, dit Capitolin [5], que les uns avoient été mis en croix, les autres exposés aux bêtes, ou enfermés dans des peaux de bêtes récemment tuées, sans aucun égard pour les dignités. Il sembloit vouloir exercer la discipline militaire, sur le modèle de laquelle il prétendoit régler les affaires civiles.

On trouvera dans les Considérations sur la grandeur des Romains y et leur décadence [6], comment Constantin

  1. Voyez la loi 3, § legis, ad legem Cornel. de sicariis, et un très-grand nombre d’autres, au Digeste et au Code. (M.)
  2. Sublimiores. (M.)
  3. Medios. (M.)
  4. Infimos L. 3, § 3, legis ad leg., Cornel de sicaris, (M.)
  5. Jul. Cap., Maximini duo, c. VIII. (M.)
  6. Chap. XVII. (M.)