Page:Montifaud - Les Romantiques, 1878.djvu/68

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parois du brillant cercueil où nous naissons, où nous nous dissolvons. Nouveau Faust, elle dirait volontiers au principe qui préside aà la destruction des choses de l’univers : « En m’accordant de regarder dans son sein profond, comme dans le sein d’un ami, tu as amené devant moi la longue chaîne des vivants, et tu m’as instruit à reconnaître mes frères dans le buisson tranquille, dans l’air, dans les eaux… » Peut-être cette conception panthéiste apparaît-elle privée de ce verbe divin que Dante appelle : il primo amor ; peut-être laisse-t-elle à l’âme un effroi inconscient ; mais si l’on y réfléchit, c’est une façon à elle de spiritualiser la nature, comme Byron, et non de l’anéantir. Ce n’est certes pas, selon son expression, en s’annihilant au niveau de la matière ; ce n’est pas non plus « en abjurant l’immortalité de sa pensée, pour fraterniser, dans un désespoir résigné, avec les éléments grossiers de la vie physique ; » c’est plutôt en prêtant une existence d’un ordre perfectible a ce qui sera. Qu’importe que le mot « Dieu » ne soit que la signification allégorique prise en sens caractéristique du beau. Comme l’a écrit un penseur : chacun porte en soi son Montaigne, sa nature un peu