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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/79

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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Laisse-moi, fit-elle en riant, tu vas me chiffonner…

Le commissaire détacha le dernier vêtement de Caroline :

— Tu as raison, repartit-il plaisamment, il ne faut rien abîmer.

Doucement, il poussa la jeune femme vers le lit.

Elle résista coquettement, mais pour la forme…

M. Véninger et Caroline allèrent dîner en tête-à-tête dans un restaurant à la mode du Palais-Royal. Pendant le repas, la jeune femme se fit raconter tout au long l’affaire Caudirol.

Le magistrat sut faire la part de la curiosité de sa compagne, sans manquer à la discrétion professionnelle. Il se garda bien de dire qu’il avait la certitude de capturer le curé de Saint-Roch, que tout le monde croyait mort.

— Et M. Bartier, notre aimable Docteur-Noir, fit le commissaire de police, comment se porte-t-il ?

Caroline fit une petite moue dédaigneuse.

— Il est toujours fourré dans son cabinet ou en courses avec son inséparable domestique, que Je voudrais voir bien loin, dit avec humeur madame Bartier.

— Qu’est-ce que ce domestique ! demanda M. Véninger.

— Un drôle de corps qui s’appelle Jean-Baptiste Flack, un nom biscornu comme celui qui le porte.

— Que fait-il chez vous ?

— Lui ! il chante, il fait de l’esprit, se moque de tout le monde… Que sais-je encore ! Il est aussi gai que son maître est triste.

— Et M. Bartier le supporte ?

— Mieux que ça ; il ne peut pas s’en passer. Lui qui se défie de tout le monde, il a une foi inébranlable dans son M. Flack. Il l’appelle son ami.

— Il ne prodigue pas ce titre, observa le commissaire, s’il faut en croire ce que l’on dit de lui.

— Oh ! non, certes, il évite tout le monde et vit comme un ours.

— Dis-moi, ma bonne Caroline, dit M. Véninger, sais-tu pourquoi ton mari est si chagrin et misanthrope ? Il n’a pas trente-cinq ans, n’est-ce pas ?

Madame Bartier eut une hésitation visible.

Il n’en fallut pas davantage pour aiguillonner la curiosité toujours en éveil du commissaire de police.

— Pourquoi ne pas me répondre ? fit-il sur un ton qu’il s’efforça de rendre persuasif. As-tu des secrets pour moi ?

— C’est que, répondit la jeune femme, le fin mot de cette affaire ne doit pas être connu et que j’ai promis à mon mari de ne jamais parler de cela à personne.