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200 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

remorque de la thalassocratie dominante. De là l'utilité de ces Hollande et ces Belgique nouvelles qui vont de Dantzig à la Finlande. De là la carte de l'Atlantique et de la mer Egée où sinon toutes les côtes, du moins tous les ports de valeur sont sous une autre domination que leur hinterland continental. Comme Louis XIV, en occupant Strasbourg, fit frapper la médaille Gallia Germants dansa, l'Angleterre verrait à la limite de sa politique un Ah imperio tcrrestri separatiim mare, ce qu'au- raient pu être autrefois une Normandie et une Guyenne sépa- rées du roi de Bourges. Un Suess de la politiquo reconnaîtrait élégamment dans Vienne et l'Autriche le Bourges d'aujourd'hui, un royaume de Bourges sans Jeanne d'Arc.

La ligne selon laquelle l'intérêt anglais divisera sera donc celle de la séparation entre le bloc continental et son rivage. Du Portugal à la Finlande et d'Anvers à Constantinople toute la carte d'Europe porte la marque de cette œuvre séculaire. Au contraire la ligne selon laquelle l'intérêt français découpera ou maintiendra découpée l'Europe centrale sera une ligne politique. Les traités de Westphalie consacraient les divisions politiques et religieuses que nous avions le plus possible provoquées : il ne nous importait pas que la mer fût séparée de la terre, mais seulement que les princes fussent séparés de l'Empereur, les catholiques des protestants, les gens de l'Elbe des gens du Rhin.

Cette politique, selon M. Bainville, était encore bonne en 1918. Et tout le monde à peu près le reconnaît en France. Si elle n'a pâs été tentée, c'est, disent les auteurs français du traité, que la France s'est heurtée à l'opposition de ses alliés. De sorte que dans la balkanisation, le morcelage de l'Europe cen- trale, l'Allemagne, bien qu'amputée, fait exception, les cuisses et les ailes de la volaille sont en morceaux minuscules devant des gens qui n'attraperont pas d'indigestion, mais la carcasse reste en réserve et pourra contenter un bon appétit. M. Bainville estime que si la France elle-même n'a tenté aucun effort sérieux pour imposer le dividcnda Ger mania à ses alliés, c'est manque général de foi, effet de la même éclipse de raison politique qui fait que la France s'est séparée de ses rois et ne songe pas à les rappeler. Ce principe de la vieille politique « ne vivait plus, dit-il, qu'à l'état de souvenir historique chez un très petit nom-

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