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cruel, mélancolique et tendre Edgar, œuvre d’un romancier soucieux de rester supérieur à son succès. Dans un trépidant décor de cinéma, où le rythme de la vie contemporaine s’accélère jusqu’à l’angoisse, de douloureux fantoches se poursuivent ou se fuient sous les projecteurs des passions. Un clown invisible ricane dans un coin ; vers le centre une maigre équilibriste écarte les coudes et regarde en souriant le trou noir du réalisme, sous ses pieds.

M. Henri Duvernois, qui appartient à la génération de l’écriture artiste, est devenu peu à peu le plus rapide de nos conteurs. Dépouillé de toute rhétorique d’humour, il intéressera et touchera davantage. r. a.

LES GAIS LURONS, par K. L. Stevenson, traduit de l’anglais par Thco Varlet (La Sirène).

Il ne s’agit point ici des exploits héroï-comiques d’une bande de joyeux « copains » : ces Gais Lurons sont des écueils sur lesquels se déroule une effroyable aventure de naufrage et de folie. Et les cinq autres nouvelles dont se compose le livre offrent toutes les variétés souhaitables de fantastique, depuis le fantastique attendri et rêveur de IVill du Moulin jusqu’au fantastique terrifiant de Janet la Revenante: On goûte ici, dans tout ce qu’il’peut avoir de plus aigu et de plus délicieux, le plaisir de s’amuser à avoir vraiment peur. M. m.


LE RÊVE DE CINYRAS, par Xainer de Courinlle (Stock).

L’auteur de cette amusante fantaisie-dialogue nous invite à la considérer comme une distraction, imaginée par un combattant pour occuper les loisirs de la guerre. Au risque d’alarmer sa modestie, on lui répondra qu’un divertissement de cette qualité n’est pas le fait d’un esprit vulgaire. M. Xavier de Courville qui pastiche tantôt Meilhacet Halcvy, tantôt Aristophane, avec une verve également heureuse, nous fait songer encore à l’art subtil de Jules Lemaître, ornant d’arabesques ironiques les marges des vieux livres.