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LES REVUES 255

du 8 décembre publiait l'opinion doublement autorisée sur la « crise de la librairie ».

Ayant rappelé que la majoration appliquée aux prix de vente du livre est de 100 0/0, ce qui d'ailleurs est un maximum et non une moyenne, M. Bourdel poursuit : « Voyons maintenant les augmen- tations moyennes des éléments de fabrication du livre : 1° le papier représente 600 0/0 ; 2° l'imprimerie 500 o'o ; 301e brochage 400 0/0 . Vous voyez qu'en parlant de 400 à 450 0/0 d'augmentation moyenne je n'ai pas exagéré. >•>

Certes. Et il v a encore la liausse des salaires du personnel dans les maisons d'édition, celle des tarifs de transport, le prix invraisemblable des emballages, les lourdes contributions nouvelles, et notamment, pour une industrie dont le chiffre d'affaires s'élevait par suite des majo- rations des prix de vente en même temps que son bénéfice tombait à rien en raison de l'énormité des prix de revient, l'impôt sur le chiffre d'affaires.

Devant une telle accumulation de charges, dont la plupart sont pour longtemps irréductibles, que peut représenter la baisse espérée du prix des papiers ? Si les prévisions les plus optimistes se réalisent, les prix stabilisés atteindront encore trois fois ceux de 19 14. Mais à supposer que le marché des papiers s'établît au niveau de 1914, ce qui est absurde, le prix de revient du livre serait encore de deux à trois fois ce qu'il était avant la guerre. Or, le prix de vente actuel du livre n'est qu'à peine doublé.

L'élément papier ne joue efficacement que sur les gros tirages, la presse quotidienne par exemple, qui se vend d'ailleurs bien plus cher que le livre, puisqu'elle a doublé, triplé ou quadruplé ses prix et réduit le nombre de ses pages ; mais en matière de librairie, qu'il s'agissç de livres nouveaux ou de réimpressions, le véritable gros tirage est excep- tionnel.

La vérité est que si h papier ne baissait pas, le prix du livre devrait encore être augmenté. Il y a donc des chances pour que les prix actuels se maintiennent longtemps. Il est au surplus loisible à tout le monde de reconnaître que jamais l'in-ié traditionnel n'a coûté moins cher qu'aujourd'hui. Notre franc valant au maximum o fr. 35, même à Vin- térieur, un livre vendu 7 francs coûte à l'acheteur 7x0,3 5=: 2 fr. 45, donc pas même les 2 fr. 75 du bon vieux temps, si vieux...

Il se créera certainement, sur des bases économiques à l'étude, des

collections à meilleur marché. Mais c'est là une autre question que

celle de l'ancien 3 fr. 50. — iX. v.

{Mercure de France, 1$ janvier 1921).

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