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334 LA. NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'arriver à ce point, le Capitaine du Maroa et moi avions combiné une collection de phrases, pour les signaler au sémaphore du cap. Le Capitaine approcha donc son steamer le plus près possible de la côte (à environ un mille et demi), et nous commençâmes nos signaux. Quand ils furent finis et que j'eus acquis la conviction que le séma- phore avait bien compris, j'éprouvais, ainsi que les autres naufragés, un profond sentiment de joie en pensant que nos familles allaient enfin, dans quelques heures, être fixées sur notre sort et délivrées ainsi des terribles angoisses qui les étreignaient. Nous pouvions désormais attendre patiemment notre arrivée à Hambourg, où allait le Maroa.

Dans le courant de la traversée, j'avais pu faire com- prendre au Capitaine Adams que je serais heureux de débarquer à Cherbourg, ainsi que mes camarades, car nous gagnerions ainsi du temps pour notre arrivée au Havre ; mais il m'assura que la douane s'opposerait à ce qu'il se détournât de sa route sans qu'il y eût force majeure pour toucher un autre port.

Force nous fut donc d'aller jusqu'à Hambourg. Ce fut le.... que nous arrivâmes dans ce port et nous débar- quâmes dans l'après-midi. L'agent de la Compagnie, M. Liebermann, avait envoyé deux de ses principaux com- mis au-devant de nous, sur l'Elbe, pour se mettre à notre disposition et nous aplanir toutes les difficultés que nous ne pouvions manquer de rencontrer dans un pays dont nous ne connaissions pas la langue.

La première journée que nous passâmes à Hamboug fut en partie consacrée à nous ravitailler en vêtements, car ceux avec lesquels nous étions descendus à terre apparte- naient au Capitaine Adams et à ses officiers. Quant à ceux que nous avions au moment du sauvetage, ce n'étaient guère que des loques dont un mendiant n'eût pas voulu. M. Liebermann lui-même nous accompagna chez le chemi- sier et le tailleur, et nous fit complètement et convenable- ment habiller. Puis, la journée étant beaucoup trop

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