Page:NRF 16.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 375

n'est pas davantage un inconnu pour nous : c'est le cousin du Major de table d'hôle cher à Meilhac et à Halévy. Et le cancan qui termine cette courte scène eût ravi les mânes de Chicard. Enfin, après le rococo sentimental et le rococo burlesque nous avons le rococo tragique sous les espèces d'un officier et d'une femme à l'œil fatal qui chantent d'amour et de souffrance cependant qu'autour du cabinet où ils viennent de souper résonnent des cris joyeux et de tendres chansons.

Nous avons connu jadis quelque chose qui ressemblait fort aux créations de la Chauve-Souris. C'était dans le somnolent jardin du Palais-Royal. 11 y avait là un kiosque de jouets et de gâteaux que tenait une vieille femme douée d'une taille de carabinier. Elle avait sous l'Empire caracolé au Bois en compa- gnie des plus nobles amis. Déchue de son pouvoir sur les cœurs, elle régnait sur sa petite boutique qu'elle avait tapissée d'images d'Epinal : parmi les verdures violentes, des militaires éclatants voisinaient avec de nobles femmes aux costumes encombrants. Ces visions nous enchantaient et, aujourd'hui encore, nous les verrions avec plaisir : mais la vieille Amazone est morte et le kiosque fermé.

Ces images nous les avons retrouvées à la Chauve-Souris, présentées avec un goût sans défaut, douées au surplus de mouvement et de voix.

Nous n'irons pas jusqu'à dire qu'elles parlent puisque, s'ex- primant en russe, on ne les comprend guère. Mais le quasi mystère dont s'enveloppent leurs paroles est un charme de plus et maintient intacte cette stylisation que les directeurs de la Chauve-Souris ont donnée à leurs créations. On leur prête l'intention d'amoindrir ce mystère en mettant en français une partie de leur répertoire. Complaisance fâcheuse qui risque de nuire à l'attrait qu'exerce sur nous l'irréalité vivante de leurs images animées. michel de gramont

DEUX PIÈCES DE M. MAETERLINCK AU THÉÂTRE MOKCEY.

M'éîant exprimé avec un peu de vivacité au sujet de ['Intruse, je tiens à dire le plaisir que m'ont procuré les deux pièces de M. Maeterlinck jouées au théâtre Moncey. Il est vrai que le

�� �