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410 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

s'étend loin du four pendant 15 à 20 ans que dure l'ex- ploitation. Quand la distance augmente entre la fouille de terre où travaillent les démêleurs et les tables du moulage, le travail est un peu ralenti, mais les hommes fatiguent plus et boivent mieux. Les bénéfices de M. Omer Loc- quart n'étaient pas seulement en proportion du nombre des briques moulées mais du nombre des litres absorbés.

Les équipes payées aux pièces accéléraient la besogne pénible aux petits porteurs. A deux par table, ils menaient à l'étendage les briques par paires, ce qui les faisait chacun aller, se baisser et revenir 250 fois dans l'heure, 3.000 fois par jour sur une distance de 20 à 100 mètres, soit 36 kilo- mètres à pieds nus. En plus du salaire aux pièces et du logis l'équipe reçoit une rondelle de bière : 160 litres par cent mille briques moulées. Le travail durant environ 150 jours ouvrables, le patron doit par équipe faisant 12.000 briques par jour, 2.880 litres de bière pour la cam- pagne d'avril à septembre. Aux chantiers de dix tables la brasserie Locquart fournissait dans la saison 1 80 pièces de 160 litres et en plus le genièvre. Presque tous les brique- tiers demandaient aux livreurs de la bière supplémentaire.

Des chantiers de cinq équipes où chaque personne buvait quatre litres par jour assuraient à M. Omer Locquart une fourniture d'un demi-million de litres de bière pendant la durée de l'entreprise. Ce rude métier de mouleurs de terre, demi-nus au soleil d'août, assoiffé les hommes. Leur nom- bre pouvait être réduit par le moulage mécanique, à quoi M. Omer Locquart était résolument opposé dans les entre- prises où il engageait ses capitaux. Toutes ses constructions d'estaminets et d'agrandissementde brasserie étaient montées en briques moulées à la main, par des ouvriers vêtus de boue dont chaque équipe de sept faisait en moyenne mille briques par heure. Ils buvaient encore la bière du dimanche aux estaminets installés par M. Locquart en face des chan- tiers. Le brasseur y logeait le contre-maître briquetier gagnant moins que les ouvriers aux pièces, mais qui repre-

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