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38 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ose gémir !... Il faut, â souple chair du bois,

Te tordre, te déi'>rdre, Te plaindre sans te rompre, et rendre aux vents la voix

Qu'ils cherchent en désordre !

Flagelle-toi !... Parais l'impatient martyr

Qui soi-même s'écorche. Et dispute à la jiamme impuissante à partir

Ses retours vers la torche !

Je t'ai choisi, puissant personnage d'un parc,

Ivre de ton tangage. Puisque le ciel t'exerce, et te presse,, ô grand arc.

De lui rendre un langage,

Afin que l'hymne manteaux oiseaux qui naîtront,

Et que mon âme sache Frémir jusques aux dieux conduite par un tronc

Qui rêve de la hache !

qu amoureusement des Dryades rival,

Le seul poète puisse Flatter ton corps poli comme il fait du Cheval

L'ambitieuse cuisse !...

— Non, dit l'Arbre. Il dit : Non ! par l'étincellement

De sa tête superbe. Que la tempête traite universellement

Comme elle fait une herbe !

PAUL VALÉRY

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