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434 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Monsieur ! Pourquoi pas du chien ? Demande^ à Dieu qui a créé ces bêtes. Pensez-vous qu un homme sain et bien équilibré... (à part : comme moi)... (à voix haute :) comme moi-même, soit du bois dont on fait un médium ? Sacreblcu, c'est de ces êtres ambigus, hystériques, hybrides, de cette équivoque et méprisable vermine que jaillit le feu ! Il nous faut les prendre comme ils sont, quitte à fious garder de leurs tours, car nous avons besoin de leurs services. Sludge vous a trompé. Monsieur — comment, je ne puis le dire n ayant pas été présent pour observer : il a été tenté par votre facilité à vous laisser faire — moi, il ne m'a pas trompé ! »

Merci pour Sludge ! Il me faut avoir de la reconnais- sance envers de tels patrons, n'est-ce pas ? puisque ce que vous venez d'entendre est ce que je pourrais dire de mieux. C'est un défi que vous me jetez : « Chien sauvage ?nal appri- voisé, donne nu coup de dents à tous les étrangers, mais rampe connue il convient au signe de ton maître ! Chat, montre à quoi servent les griffes, ne les rentre que pour moi seul ! Trompe les autres si tu peux, moi si tu l'oses ! » Et, mon très sage Monsieur, j'ai osé. Je vous ai trompé d'abord, je vous ai fait ensuite tromper les autres et votre fermeté de caractère si vantée m'a aidé à malmener l'incrédule. Vous vous êtes servi de moi ? Ne me suis-je pas servi de vous ? N'ai-je pas pris pleinement ma revanche ? N'ai-je pas persuadé aux gens qu'ils ne savaient pas leur propre nom ?... et, sur-le-champ, ils avouaient leur erreur. Qui donc tenait le rôle de l'imbé- cile quand à un cercle de gens sensés, saisis d'effroi, les yeux ronds, la bouche bée, Sludge présentait Milton compo- sant des chansons de nourrice et Locke raisonnant en cha- rabia, Homère écrivant le grec avec des ronds et des croix, Asaph mettant des noires et des trilles comme musique à ses psaumes ? J'ai fait crier un esprit en déguisant ma voix, puis bravement je reprenais ma voix naturelle, narguant les imbéciles; j'ai copié pendant une demi-page des gribouil- lages de fantômes, puis j'achevais de ma propre écriture sans la déguiser : « Je conçois ! disait-on, l'esprit se servait tout

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