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Kotchkariov. — Quelle idée ! Tu es fou ? Y aller tout seul ! Qui de nous deux se marie ? Toi ou moi ?

Podkolièssine. — Vraiment je n'ai pas envie de bouger, aujourd'hui. Demain, ce serait mieux.

Kotchkariov. — Te reste-t-il Une goutte de raison, par ma foi ? N'es-tu pas un cornichon ? Tu t'es entièrement préparé et, tout à coup, tu renonces. N'es-tu pas un maraud après cela ? Dis-le moi ?

Podkolièssine. — Eh ! pourquoi m'injuries-tu ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?

Kotchkariov, — Imbécile, imbécile complet ! voilà ce que chacun dira. Un sot tout court, bien que tu sois chef de division. Qu'est-ce que je cherche ? Ton bien. On t'ôtera le morceau de la bouche, mon petit... Et toi, vieux garçon endurci, tu restes couché. Dis-moi à quoi tu ressembles, je te prie ? Espèce de loque, de vieux bonnet de nuit ! Je te dirais ton fait, mais ce serait trop inconvenant ; je me retiens. Vieille femme, va ! Pire qu'une vieille femme.

Podkolièssine. — Ah, tu es bon !... (A voix basse.) Es-tu dans ton bon sens ? Il y a ici un serf, et devant lui tu me dis de ces mots... Tu aurais pu trouver un autre endroit !

Kotchkariov. — Comment ne pas t'insulter, je te prie ? qui aurait assez de patience ? qui saurait résister ? Comme tout homme convenable tu te décides à te marier, et, tout à coup, sans rime ni raison, tu deviens sourd comme le bois.

Podkolièssine. — Allons, assez ; j'y vais ! Qu'as-tu à crier encore ?

Kotchkariov. — A la bonne heure ! As-tu autre chose à faire que d'y aller ? (A Stépane.) Donne-lui son chapeau et son manteau.

Podkolièssine (près de la porte). — Quel homme étrange ! Avec lui on ne sait sur quel pied danser ; tout d'un coup il se met à vous invectiver sans propos. Il ne comprend rien !