Page:NRF 16.djvu/731

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES

��LE VOYAGE DES AMANTS, par Jules Romains (Edi- tions de la Nouvelle Revue Française).

Redevenir à l'improviste un lecteur : tout oublier comme sait le faire ce passant entrevu auquel ne suffit plus ce qui l'entoure et qui demande à la parole écrite de susciter pour lui un nouvel univers ; dès lors, suivre de toute son âme le poète, que dis-je, se précipiter à ses côtés dans les aventures de sa sagesse et de son audace, par moments même le croire distancé, mais au détour l'apercevoir là-bas qui vous ouvre les voies : voilà bien le plus allègre bonheur du critique. Il ne lui arrive guère, hélas, qu'une ou deux fois l'an, et encore ! dans la boîte de quelque facteur aux larges pieds particulièrement favorables. II y faut la cent-millième combinaison heureuse, la seule valable, celle qui décide des gros lots ou des œuvres authentiques.

Aussi nous rappellerons-nous seulement tout à l'heure, si vous le voulez bien, les abstractions à défaut de quoi, lecteur, vous croyez peut-être que l'on n'a point qualité pour vous par- ler... D'ailleurs celles qui se devinent à l'horizon de ce Voyage des Amants dont voilà devant nous la perspective, ne manquent ni de figure ni d'altitude. Mais laissons nous prendre d'abord tout simplement : buvons à la coupe sans songer à l'art impé- rieux et savant auquel nous devons de pouvoir la toucher des lèvres.

« Ils » sont là, tous deux, dans leur chambre. Mais quelque chose leur manque et les murs les gênent :

Je voudrais écarter un peu teurs panses dures Qui fout une chaleur d'étable autour de nous.

Le bonheur serait-il ailleurs qu'ici ? Ah, faire un geste de liberté et de fantaisie !

Si tes rues et les boulevards Etaient la suite de mes mains...

�� �