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Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/135

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donner leurs affaires pressantes pour le considérer à loisir : la grâce enfantine était chez lui si parfaite et si pure qu’elle retenait les regards[1].

7[2]. Cet enfant si remarquable, Thermouthis l’adopte, le sort ne lui ayant pas donné de progéniture ; un jour, elle amène Moïse à son père pour le lui faire voir et, comme il se préoccupait de son successeur, la volonté de Dieu lui ayant refusé un fils légitime, elle lui dit : « J’ai élevé un enfant d’une beauté divine et d’un esprit généreux ; je l’ai reçu merveilleusement de la grâce d’un fleuve et j’ai songé à en faire mon fils et l’héritier de ta royauté ». Cela dit, elle met l’enfant entre les bras de son père ; celui-ci le prend, le presse avec bienveillance contre sa poitrine et, par amitié pour sa fille, lui met sur la tête son diadème ; mais Moïse jette le diadème à terre après l’avoir ôté de dessus sa tête par une espièglerie d’enfant et le foule même aux pieds[3]. Et l’on voulut voir là un présage relatif à la royauté. À ce spectacle, le hiérogrammate qui avait prédit que la naissance de l’enfant entraînerait l’abaissement de la puissance égyptienne se précipite pour le tuer en poussant des cris violents : « C’est lui, dit-il, Ô roi, c’est cet enfant qu’il faut tuer, selon ce que le Dieu a révélé, pour nous délivrer d’inquiétude ; il rend témoignage à cette prédiction en foulant aux pieds ton autorité et en marchant sur ton diadème. En le faisant disparaître, dissipe la crainte qu’il inspire aux Égyptiens et enlève aux Hébreux l’espérance de son audacieuse initiative ». Mais Thermouthis s’em-

  1. Le Midrash Tanhouma, sur Ex., II, 7 (cf. Ex. R., I), dit : « Telle était la beauté de Moïse que la fille de Pharaon ne voulait pas le faire sortir du palais, car tout le monde désirait le voir et quiconque le voyait avait peine à détacher ses regards de son visage ».
  2. Ex., II, 10.
  3. La même légende se lit dans Tanhouma (ibid.) : tandis que le roi Pharaon caressait l’enfant, celui-ci se saisissait du diadème et le jetait à terre, comme il était destiné à le faire plus tard. La Chronique de Moïse fait un long récit où l’on voit également Moïse, en présence de Pharaon et de toute la cour, s’emparer et se coiffer du diadème, ce qui effraye les assistants. Alors Balaam, un des devins, rappelle à Pharaon un songe où celui-ci avait vu la même scène et l’avertit du danger que Moïse lui fera courir.