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Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/148

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douces et potables et n’avaient pas changé de nature. Le roi, troublé par ce prodige et inquiet pour les Égyptiens, permit aux Hébreux de s’en aller ; mais, dès que le fléau s’apaisa, il changea d’idée et s’opposa à leur départ.

2. Dieu, voyant que l’ingrat, après qu’il est délivré de cette calamité ne veut plus se montrer raisonnable, inflige une autre plaie aux Égyptiens : une multitude innombrable de grenouilles[1] dévora leur pays ; le fleuve même en était plein, elles s’y entassaient et la boisson qu’on prenait se trouvait corrompue par le sang de ces bêtes qui mouraient et pourrissaient dans l’eau ; et le pays qui en était infesté devenait un affreux limon où elles se développaient et mouraient ; tous les vivres qu’on avait dans les maisons, elles les détruisaient ; on les trouvait dans tous les aliments solides et liquides ; elles se répandaient jusque sur les couches ; une odeur intolérable et fétide se dégageait de ces grenouilles, soit en vie, soit mourantes, soit en décomposition. Voyant les Égyptiens accablés par ces maux, le roi pria Moïse de s’en aller en emmenant les Hébreux, et, sitôt qu’il eut dit cela, cette multitude de grenouilles disparut et la terre et le fleuve reprirent leur aspect naturel. Mais Pharaôthès, dès que le pays est délivré de cette calamité, en oublie l’origine et retient les Hébreux, et, comme s’il eût voulu faire l’épreuve de plus grands maux encore, il ne permet plus à Moïse et aux siens de partir c’était par crainte plutôt que par raison qu’il le leur avait accordé.

3[2]. Alors la divinité envoie un autre fléau pour punir cette déloyauté. Une multitude infinie de vermine vint à se développer sur le corps des Égyptiens et fit périr misérablement ces misérables ; ni les baumes, ni les onguents ne pouvaient détruire ces bêtes. Effrayé par cet horrible fléau, craignant la perte de son peuple et songeant à l’ignominie d’une telle destruction, le roi des Égyptiens est forcé d’entendre raison, et encore, à moitié seulement, tant sa méchanceté était grande : il accorde bien aux Hébreux l’autorisation de partir, mais, comme aussitôt le fléau s’apaise,

  1. Ex., VII, fin et VIII.
  2. Ex., VIII, 12.