Aller au contenu

Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la mer Érythrée[1]. Et comme la terre ne leur fournissait rien, car c’était un désert, ils se nourrissent de farine de froment un peu détrempée et qu’une brève cuisson convertit en pains[2] ; ils en firent usage pendant trente jours[3] : ils ne purent se suffire plus longtemps avec ce qu’ils avaient emporté de l’Égypte, quoiqu’ils eussent rationné la nourriture, se bornant au nécessaire sans manger à satiété ; de là vient qu’en mémoire de ces privations, nous célébrons la fête dite des azymes pendant huit jours[4]. À considérer toute la foule des émigrants, y compris les femmes et les enfants, il était difficile de les compter ; ceux qui avaient l’âge de porter les armes étaient environ 600.000.

2. Ils quittèrent l’Égypte au mois de Xanthicos, le quinzième jour de la lune, 430 ans après que notre ancêtre Abram était venu en Chananée ; l’émigration de Jacob avait eu lieu 215 ans après[5]. Moïse

  1. Ex., XIV, 2.
  2. Ex., XII, 39.
  3. Ce détail n’est pas formellement dans la Bible. Il est dit (Ex., XVI, 2) que les Israélites arrivèrent au désert de Sin le 15 du 2e mois. C’est là qu’ils commencèrent à manger la manne. Il faut donc croire qu’ils se nourrirent d’azymes durant trente jours, puisqu’ils quittèrent l’Egypte le 15 du 1er mois (Nisan). Ce calcul est, d’ailleurs, établi par la tradition rabbinique (Sabbat, 87 b).
  4. Dans un autre passage (Ant. III, § 249), Josèphe indique, pour la fête de Pâque, conformément à Nombr., XXVIII, 17, une durée de sept jours et non de huit. On a voulu expliquer (Voir Olitzki, Fl. Josephus und die Halacha, Berlin, 1885, p. 54) que, dans notre passage, Josèphe insistait particulièrement sur la fête des azymes (τὴν τῶν ἀζύμων λεγομένην) et par là se rencontrait avec la Halacha (Pesahim, 5 a), qui défend le pain levé dès le 14 Nisan, de sorte qu’en effet, on se nourrit d’azymes pendant huit jours. Mais dans l’autre passage, précité, Pâque est appelée également ἡ τῶν ἀζύμων ἑορτή. À la vérité, il ne faut pas trop presser les termes de Josèphe, qui se se soucie pas toujours, on le voit par sa chronologie, de faire concorder ses propres données (voir note suivante).
  5. Ce chiffre est contraire aux indications données par Josèphe lui-même (Ant. I, § 257), à savoir que Jacob naquit après la mort d’Abraham. Or, cette naissance, d’après Gen., XII, 4, et XXV}, 7, a dû survenir au moins cent ans après la venue d’Abraham en Canaan. Et comme Jacob a 130 ans à son arrivée en Égypte (Ant., II, § 188), le total des années écoulées depuis l’immigration d’Abraham est donc de 230 ans, et non de 215. Mais Josèphe se soucie peu d’exactitude. Le total de 430 lui est fourni par la Bible (Ex., XII, 40, 41) et le chiffre de 215 lui vient probablement, selon Freudenthal (Hellenistisehe Studien, Breslau, 1874-1875, I, p. 49) de l’historien Démétrios, qui calcule ainsi (Eus., Praep. ev., IX, 21) : Jacob vit en Égypte, jusqu’à la naissance de Kehat, 17 ans ; Kehat