Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/164

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cailles[1] (cette espèce d’oiseaux abonde, plus que toute autre, dans le golfe Arabique) traverse ce bras de mer et vient voler au-dessus d’eux ; et, fatiguées de voler, habituées, d’ailleurs, plus que les autres oiseaux à raser la terre, elles viennent s’abattre sur les Hébreux. Ceux-ci, les recueillant comme une nourriture préparée par Dieu, soulagent leur faim. Et Moïse adresse des actions de grâce à Dieu pour les avoir secourus si vite et comme il l’avait promis.

6[2]. Aussitôt après ces premiers secours en vivres, Dieu leur en envoya une seconde fois. En effet, tandis que Moïse élève les mains en prière, une rosée tombe à terre, et, comme elle adhérait en se coagulant[3] à ses mains, Moïse, soupçonnant que c’était là un aliment envoyé par Dieu, la goûte, et, charmé, tandis que le peuple, dans son ignorance, la prend pour de la neige et l’attribue à l’époque de l’année où l’on se trouvait[4], il leur apprend que cette rosée descendue du ciel n’est pas ce qu’ils supposent, mais qu’elle est destinée à les sauver et à les nourrir ; en la goûtant, ils s’en convaincraient. Ceux-ci, imitant leur chef, eurent plaisir à manger de cette substance[5], car elle tenait du miel par sa saveur douce et délicieuse et ressemblait à cette espèce d’aromate nommée bdella[6] ; la grosseur était celle d’une graine de coriandre. Ils mirent à la récolte une ardeur extrême. Mais il leur était recommandé à tous également de n’en récolter chaque jour qu’un assaron[7] (c’est le nom

  1. Ex., XVI, 13.
  2. Ex., XVI}, 14.
  3. Dans une interprétation midraschique (Mechilta, Weiss, p. 58) d’un verset des Psaumes (LXXVIII, 25) qui rappelle l’épisode de la manne, on attribue à Josué un fait analogue à celui qui est rapporté ici à propos de Moïse.
  4. L’Écriture ne parle pas de neige (il ne neige guère dans le désert arabique), mais de gelée blanche. La comparaison avec la neige est déjà dans Artapanus. Dans la Mechilta (sur Ex., XVI, 14) R. Josué ben Hanania (Tanna de la fin du Ier et du commencement IIe siècle) dit que la manne était menue comme du givre, interprétation adoptée par le Pseudo-Jonathan.
  5. Nombres, XI, 7.
  6. Plus connu sous le nom de bdellium. Cette comparaison de la manne au bdellium, — pour la couleur —, n’est pas dans l’Exode, mais dans les Nombres (XI, 7). L’explication que donne Josèphe du mot hébreu bdôlah, qu’il traduit par « sorte d’aromate », n’est pas celle des LXX, qui traduisent le même mot par κρστάλλος.
  7. Josèphe substitue ici l’assaron (héb. : issarôn) à une autre mesure, l’ômer,