Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/97

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bé- ; là, ils s’occupèrent de leurs troupeaux sans aviser leur père de leur venue dans ce pays. Celui-ci, dans son incertitude, comme personne ne venait des pâturages qui pût lui donner des nouvelles certaines de ses fils, faisait à leur égard les plus inquiétantes conjectures, et, plein d’anxiété, il envoie Joseph vers les troupeaux pour s’informer au sujet de ses frères et lui rapporter ce qu’ils faisaient.



Chapitre III.

1. Les frères de Joseph complotent sa mort. — 2. Discours de Ruben. — 3. Joseph vendu aux Ismaélites. — 4. Deuil de Jacob.

1. Ceux-ci, voyant leur frère arriver vers eux, se réjouirent, non pas de voir un parent, l’envoyé de leur père, mais comme s’il s’agissait d’un ennemi que la volonté divine livrait entre leurs mains ; et ils se mirent en devoir de le faire périr tout de suite, sans laisser échapper l’occasion qui s’offrait. Les voyant dans ces dispositions, tous d’accord pour accomplir l’acte, Roubel, le plus âgé, tenta de les retenir ; il leur représenta l’énormité de leur crime et l’horreur qu’il exciterait ; si c’était une scélératesse et un sacrilège, aux yeux de Dieu et des hommes, de tuer de sa main un homme à qui la parenté ne nous lie point, il serait beaucoup plus abominable encore d’être convaincus d’avoir accompli le meurtre d’un frère, dont la disparition causerait en même temps une grande douleur à leur père et plongerait dans le deuil une mère[1], à qui

  1. Josèphe commet ici une erreur et une contradiction. D’après Gen., XXXV, 19, et d’après lui-même (supra I, § 343), il y avait longtemps que Rachel était morte ; il est vrai que l’interprétation du deuxième songe semblerait impliquer le contraire. D’ailleurs, tout ce discours de Ruben, comme, en général, tous ceux qu’on lira dans la suite, sont des fictions de rhéteur.