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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

Ce tableau de la littérature védique est fidèle, quoique sommaire ; mais j’ai peur qu’il n’en donne pas une idée bien attrayante. On se tromperait fort, pourtant, à la croire sans mérite. Trop exaltée jadis, au moment où elle se révéla à l’Europe étonnée et ravie, elle a depuis porté la peine d’un engouement irréfléchi qui admirait avant de bien comprendre : il est devenu de mode aujourd’hui de la rabaisser au delà de toute mesure, et le débutant qui s’y engage malgré les aspérités de l’abord peut craindre, le but atteint, de n’être point payé de sa peine. Tous ceux qui liront le présent livre ne sont pas destinés à devenir des védisants ; mais ceux à qui il en inspirerait la pensée et le goût, on peut d’avance et hardiment les rassurer sur le résultat de leur effort. Passons condamnation sur les Brāhmanas et les Sūtras : quel agrément exiger de ces compilations techniques ? Les deux principaux Védas, le Rig et l’Atharva, renferment, — le premier surtout, — soit comme idées, soit comme tour de style et de poésie, de grandes, de nombreuses, d’incomparables beautés[1].

J’ai peine, je l’avoue, à comprendre qu’on se réclame de « la critique sévère des Bergaigne et des Oldenberg »[2], pour faire justice des enthousiasmes qu’elles

    pitre V de l’Āçval. Çr. S. qu’a publiée M. P. Sabbathier sous le titre : l’Agnishṭōma, Paris, Imp. Nat., 1890, et Journal Asiat., 8e sér., XV, p. 5 sqq.

  1. Voir ce qu’en dit M. Oldenberg, p. 394.
  2. Cf. Revue critique, LIII (1902), p. 3. Mon cher collègue M. Sylvain Lévi voudra bien me pardonner cette mise au point tout amicale. Sa critique ne vise, je le sais, que les illusions où s’est complu jusqu’à son dernier jour le grand Max Müller. Mais ces illusions elles-mêmes, il le reconnaît, ont beaucoup mieux servi la science à ses débuts que n’eût fait une exégèse correcte et froide. Surtout il ne faudrait pas laisser croire aux jeunes adeptes, — ce qui certaine-