Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/573

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pétille en brûlant. [1, 345] Il était riche celui qui pouvait ajouter quelques violettes aux fleurs des champs tressées en couronne; et le fer qui ouvre maintenant les flancs du taureau était alors sans emploi dans les sacrifices. Cérès, la première, vit couler avec plaisir le sang de la truie avide, [1, 350] justement punie de mort pour avoir détruit, dans leur germe, les trésors de la moisson. La déesse, au retour du printemps, avait vu la bête aux rudes soies déterrant la semence, gonflée déjà d'un suc laiteux; la vengeance avait suivi le crime. Ce terrible exemple ne devait-il pas t'apprendre, ô bouc, à respecter les sarments? [1, 355] Quelqu'un l'aperçoit mordant à belles dents la vigne, et l'indignation lui arrache ces paroles: "Bouc, tu as rongé la vigne, mais elle ne laissera pas de produire une liqueur qui te sera versée sur les cornes au pied des autels!" La menace s'accomplit, [1, 360] et les cornes du bouc sont arrosées de vin avant qu'on ne te l'immole, ô Bacchus, en expiation de son attentat. Ainsi, le bouc et la truie portent la peine de leur crime; mais le boeuf, qu'avait-il fait? Et vous paisibles brebis?

Aristée pleurait: il avait vu ses abeilles périr jusqu'à la dernière, et les rayons rester inachevés dans la ruche déserte; [1, 365] sa mère, nymphe des eaux, essayait de le consoler dans sa douleur, et telles furent les dernières paroles qu'elle lui adressa: "Sèche tes larmes, ô mon fils! Protée te rendra ce que tu regrettes, et cette perte qui t'afflige, il saura la réparer; mais pour qu'il ne se joue pas de tes efforts en changeant de figure, [1, 370] attache fortement ses deux mains." Le jeune homme arrive jusqu'au devin, et, tandis que le vieil habitant des ondes s'abandonne au sommeil, ses bras sont enchaînés. D'abord il appelle son art à son secours: il essaie de vingt métamorphoses; enfin, dompté par les liens qui le retiennent, il reparaît sous sa première forme, [1, 375] et secouant sa tête humide, sa barbe azurée: "Tu veux savoir, dit-il, comment tes abeilles te seront rendues: immole un taureau, couvre son corps de terre, et ce que tu demandes, ce taureau te le donnera." Le berger obéit; bientôt de nouveaux essaims s'échappent, en bourdonnant, des entrailles putréfiées de la victime: [1, 380] une seule mort a enfanté mille vies.

Pour la brebis, un arrêt fatal la condamne: elle a osé brouter la verveine qu'une vieille avait coutume de cueillir pour les divinités rustiques. Quel animal pourra se croire en sûreté si la brebis qui nous donne la laine, et le boeuf qui laboure la terre, doivent aller au temple recevoir le coup mortel? [1, 385] Le Perse immole un cheval au radieux Hypérion; ce dieu rapide ne voudrait pas d'une victime à la marche tardive. La biche, qui fut une fois offerte à Diane à la place d'une jeune fille, tombe maintenant encore, quoiqu'il n'y ait plus de jeune fille à sauver. J'ai vu les Sapéens et les